Deux doigts de blonde by Shepard Rifkin

Deux doigts de blonde by Shepard Rifkin

Auteur:Shepard Rifkin [Rifkin, Shepard]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature américaine, Policier
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 1969-11-14T23:00:00+00:00


CHAPITRE XX

Au sortir de Greenwich, une voiture de police nous fit signe de nous ranger. Elle avait poussé la Maserati jusqu’à cent dix, mais si insensiblement que je ne m’en étais même pas aperçu.

Elle m’adressa un sourire éblouissant en coupant le contact.

— J’espère que le policier est beau garçon, dit-elle.

— Voyons un peu comment vous allez vous tirer de ce pas.

La police de la Route, dans le Connecticut, est réputée pour sa vacherie.

— Vous n’avez qu’à montrer votre insigne à ce gentil garçon, chéri.

— Pas question.

— Et pourquoi ?

— Je vous ai dit de rouler doucement.

— Excusez-moi, m’sieu dame. Est-ce que je pourrais voir la carte grise et votre permis de conduire, s’il vous plaît.

— Montrez-lui votre insigne ! insista-t-elle.

— Non.

— Mais quel salaud vous faites !

— Ça va comme ça, intervint le policier. Attendez d’être rentrés chez vous. Est-ce que je peux voir votre permis, je vous prie ?

— Donnez-lui votre permis de conduire.

Elle sortit le permis de la jungle chaotique de son sac en crocodile. Quant à la carte grise, elle la prit dans le coffre à gants. Le flic passa à l’arrière de la voiture pour vérifier le numéro.

— Pourquoi ne voulez-vous pas lui montrer votre insigne ?

— Parce que je vous ai dit de rouler doucement pour rentrer et que vous étiez d’accord. Maintenant, vous allez payer.

— Vous êtes une ordure du style moralisateur, vous savez ?

— Ouais.

— Pourquoi ? Dites-moi simplement pourquoi !

— Il y a un proverbe espagnol qui…

— Je me fous de vos proverbes !

— Celui-là va vous plaire. Il dit : « Prends ce que tu veux, mais paie pour l’avoir. »

— Je n’ai pas besoin de vos sermons, espèce de prétentieux connard !

Le policier revint à notre hauteur et me tendit le permis de conduire et la carte grise.

— Vous avez assez d’ennuis comme ça, monsieur Sanchez, me dit-il en m’adressant un large sourire. Je me contenterai de vous donner un avertissement. Mais ne la laissez pas conduire si vous ne pouvez pas la contrôler.

— Ha-ha, dis-je.

Il remonta en voiture et démarra.

— Vous permettez que je conduise ? demandai-je poliment.

— Mais certainement ! répondit-elle d’un ton glacé.

Je fis le tour de la voiture tandis qu’elle se poussait de l’autre côté. C’était un engin merveilleux à conduire. Nous demeurâmes silencieux et je m’efforçai d’analyser la vague sensation de stupeur que j’éprouvais. Je me sentais mal à l’aise, un incident venait de se produire, mais je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus. Puis la lumière se fit soudain, tandis que je contemplais la route.

« Vous avez déjà assez d’ennuis, monsieur Sanchez. »

Comment savait-il mon nom ? Comment diable pouvait-il savoir mon nom ?

Je répétai la question à haute voix.

Elle ouvrit le coffre à gants, en sortit la carte grise et me la fourra sous le nez. Je baissai les yeux dessus et la parcourus.

Une Maserati de 1968. Numéro du moteur : 191087. Immatriculée dans l’État de New York sous le numéro PS 167. Enregistrée sous le nom d’un certain Pablo Sanchez, 142 East 74e Rue, New York.

Je freinai brutalement. La ceinture de sécurité empêcha la duchesse d’aller se cogner contre le pare-brise.



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